La maison du peuple de Ouagadougou ou le grenier des avantages du services ?
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La maison du peuple à Ouagadougou, le grenier des avantages Vendredi 29 mai 2020, jour ouvrable, jour ordinaire. Un jour choisi par certains citoyens pour l’établissement ou le renouvellement de leur carte nationale d’identité (CNIB). Parmi ces demandeurs de CNIB, certains ont choisi la maison du peuple à Ouagadougou où une équipe est installée. Très tôt le matin donc, ils sont nombreux à prendre d’assaut ce lieu public pour avoir accès au service public d’établissement de ce document d’identité. Parmi les présents, il y a des candidats malheureux des jours précédents. Vers 08 heures, des papillons numérotés ont été distribués aux demandeurs présents dans le rang. Ceux des demandeurs qui n’ont pas reçu de numéro, ont été priés de revenir lundi. Chaque demandeur détenteur de numéro attendait donc son tour dans le rang. Contrairement à ce circuit officiel, il y avait un circuit parallèle à côté qui recevait d’autres demandeurs. Ceux-ci ne faisaient pas le rang comme les autres. Ils étaient les privilégiés, sitôt arrivés, sitôt repartis. Parmi ces « privilégiés », il y en avaient à qui un numéro n’avait pas été donné et qui ont patienté pour bénéficier des services du circuit parallèle. Ce circuit parallèle est géré par deux messieurs extérieurs au service en complicité avec des agents commis à la tâche. Ces derniers accostent certains usagers, des échanges s’en suivent. Ensuite, ces intermédiaires s’entretiennent avec un agent et hop ! l’usager est reçu et passe toutes les étapes et dépose avant les autres demandeurs qui, eux, attendent toujours dans le rang. Combien donnent-ils pour être des privilégiés ? Une interrogation ; toujours est-il qu’un billet de 5.000 F CFA a été aperçu dans la main d’un des démarcheurs avec les dossiers d’un demandeur. Les demandeurs dans le rang ont supporté jusqu’à ce qu’une demoiselle en robe rouge, fraîchement arrivée, après entretien avec un des démarcheurs, soit autorisée à prendre sa photo et immédiatement à rentrer pour le dépôt. C’était la goutte d’eau de trop. Les demandeurs dans le rang demandent à la demoiselle de faire le rang comme tout le monde ; il n’en fallait pas plus pour soulever le courroux des agents. Un d’entre eux lance à la foule « c’est l’avantage du métier ». Ils en viennent à retirer les dossiers d’un monsieur et d’une autre demoiselle, qu’ils ont certainement pris pour les meneurs. Un agent a même menacé de porter la main sur la demoiselle qu’il soupçonne d’être parmi les meneurs. Malgré les plaintes, la demoiselle en rouge a déposé ses dossiers et a rejoint le hangar au sein de la maison du peuple pour siroter « sa » Beaufort en attendant « qui » ou « quoi » ? Zone d’ombre. Avant cet épisode qui a soulevé le courroux du « rang », il est à remarquer que plus de la dizaine de personnes est passée par ce circuit parallèle. La pratique semble être traditionnelle en ces lieux au regard de ce que l’agent a lancé à la foule, « c’est l’avantage du métier » et du soutien total dont a bénéficié la demoiselle en rouge de la part de la quasi-totalité des agents sortis pour prêter main forte aux collègues de dehors face à « l’affront » des demandeurs dans le rang. Quels sont ces types d’agents publics qui prennent le service public pour en tirer des « avantages du métier » ?
- Date de publication :
- 31 - 05 - 2020, 13:42
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